jeudi 24 janvier 2013

Jour 4 et 5 Mercredi 26 décembre et Jeudi 27 décembre 2012 : Cours de français et visite de Ramallah


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DES PONTS PAR DESSUS LE MUR

Mercredi 26 décembre :

Ce mercredi je débute les cours de français dans les locaux de Project Hope avec 4 palestiniens âgés de 21 à 25 ans : Odai, Majid, Mahmoud et Rafik. Ils sont tous étudiants à l’université An Najah de Naplouse hormis Rafik, professeur d’anglais. Avant de commencer le cours, nous faisons connaissance. Ils sont notamment curieux sur le pourquoi de ma venue en Palestine, je leur explique brièvement et je leur parle de Jérusalem, Al Qods. Majid m’informe qu’il souhaite aller à Jérusalem afin de visiter un ami qui y habite, mais il s’est vu refusé 6 fois cette année le permis nécessaire pour entrer dans Jérusalem. Une discussion s’amorce alors sur le sujet, les autres acquiescent les dires de Majid. Majid confie qu’il pourrait tout à fait aller à Jérusalem en prenant la carte de son ami qui habite Jérusalem, mais celui-ci pourrait alors ne pas y accéder. D’autres y accèdent de manière clandestine comme certains de ses amis l’ont déjà fait. Lorsqu’ils se font attraper par les autorités israéliennes, ils vont en prison et leur libération se fait en payant une certaine somme.
Le sujet m’intéresse mais je dois couper court à la conversation pour commencer le cours. Pour faire la transition, je leur demande pour quelles raisons ils souhaitent apprendre le français. Les réponses sont diverses : se faire comprendre auprès des étrangers et les comprendre, apprendre la langue du pays des droits de l’Homme, pouvoir voyager un jour à Paris si Dieu le Veut, pouvoir accueillir des internationaux etc.
L’objet du cours sera en dépit des attentes, très basique : l’alphabet et la prononciation, les chiffres de 1 à 100 et se présenter brièvement.

Une fois le cours terminé, je rejoins l’appartement avec les autres volontaires. Bref présentation des volontaires, Sylvester venu des Pays-Bas, il est à Naplouse depuis le mois de septembre. Natasha et Samantha deux étudiantes américaines arrivées une semaine avant moi après avoir passé 4 mois en Jordanie. Roger, 66 ans, un américain qui dispense de cours d’anglais à l’Université de Naplouse.
Aysha étudiante aux UK venus pour six mois qui s’envolera dans quelques jours vers le Cachemire au Pakistan pour un mois , Enfin, Greta venue tout droit du Canada et qui part également d’ici quelques jours vers l’Egypte.

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Jeudi 27 décembre : Ramallah

Mahmoud qui m’avait aidé lors de mon arrivée m’appelle et m’invite à Ramallah pour me présenter ses parents ainsi que ses frères et sa sœur. L’ensemble de la famille habite à Jénine mais Mahmoud ainsi que l’ensemble de ses frères travaillent à Ramallah dans la restauration. Je me réjouis à l’idée de le revoir et rencontrer sa famille.
Je prends donc le bus pour Ramallah, un trajet d’une heure environ sépare Naplouse de Ramallah.
Pour vous situer, Naplouse est une ville construite dans le cœur d’une vallée. L’accès à l’ensemble des routes est contrôlé par des checkpoints partiels (c’est à dire non permanent) et des colonies sont installées un peu partout dans les collines. (cf schéma). Un checkpoint partiel signifie que que des soldats sont présents physiquement, mais l'arrêt des voitures avec un contrôle n'est pas systématique.



En gris la ville de Naplouse. En jaune les colonies israéliennes. En rouge le contrôle des routes par l'armée israélienne. 



 
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Checkpoint partiel à la sortie de Naplouse
En sortant de Naplouse, le bus passe un point de contrôle de l’armée israélienne où le drapeau israélien flotte. Le bus ne sera pas arrêté mais des voitures devant nous le sont : contraints de sortir de la voiture, véhicules et individus fouillées.

Arrivée à Ramallah, Mahmoud et sa sœur Siham m’accueillent à la station de bus pour m’emmener à quelques pas dans le restaurant où Mahmoud travaille. Trois de ses frères me sont présentées. Son père est également présent, sa mère est restée à Jénin.
Nous nous installons dans l’arrière salle et nous discutons. J’apprends alors que les grands parents sont originaires d’Haifa, ville occupée par les israéliens depuis 1948. Maladroite que je suis, je demande à Mahmoud, et ses frères s’ils sont déjà partis à Haifa. Jamais me répondent-ils avec un léger sourire but « It’s a dream for us to go back to Haifa ». De même, 3 des quatre frères n’ont jamais mis les pieds à Jérusalem, dû à la nécessité  d’obtenir un permis.
Ghazi un des frères de Mahmoud rapporte un ordinateur et nous regardons avec Siham et ses frères un film sur la bataille de Jénin de 2002 qui a eu lieu dans le camp de réfugié. (Taper Jenin Jenin sur Youtube pour le regarder).
Ils étaient tous là bas au moment des faits, âgés de 13 et 19 ans. Le comble du comble, Mahmoud s’excuse pour son frère qui a mis le documentaire avec ces images désolantes. Une fois le documentaire terminé, il me mets un cartoon,  l’Age de glace 2 pour que je sois « farhana ».

Sa famille m’invite à Jénin ce dimanche-ci pour rencontrer le reste de la famille. Mahmoud prend alors une feuille et me dessine les difficultés de circulation. J’ai conservé l’exemplaire. Le dessin parle de lui-même.
Jénine et Naplouse deux villes palestiniennes. Sanour est un village près de Jénin. Le stop renvoie aux checkpoint

A gauche, le dessin d'une colonie. Les flèches visaient à m'expliquer que les colons peuvent entrer dans le village. Les deux petits bonhommes sont des palestiniens qui eux-ne peuvent accéder aux colonies renvoyés dans leur village par les soldats israéliens. (3askar en arabe= militaire)

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