Des ponts par dessus le Mur
dimanche 27 janvier 2013
vendredi 25 janvier 2013
Jour 27: Samedi 19 janvier- " Welcome to Ben Gurion, Israeli Pride" ou le calvaire du passage à l'aéroport israélien
Des ponts par dessus le Mur
Je passe la nuit à Jérusalem près de la porte de Damas, j’ai contacté
un taxi dans le quartier pour 2 heures du matin. Arrivée à proximité de
l’aéroport à 2h30 environ, une barrière de contrôle : un agent de
sécurité contrôle mon passeport ainsi que l’ID du conducteur, (qui est
arabe) puis demande au conducteur de se garer sur le côté.
Le coffre
est fouillé on me demande de retirer mes bagages, de donner mon
téléphone portable. Quelques instants plus tard on m’appelle pour
rapporter mes bagages dans une salle. Ceux-ci sont passés au scanner,
mais pas n’importe quel scanner que l’on peut trouver dans tout les
aéroports : le scanner en question est une grosse machine digne d’une
machine d’IRM… On me demande d’ouvrir mes bagages, des sortes de
prélèvements sont effectuées sur ceux-ci, et je passe à travers un
détecteur de métal. Une fois les modalités effectuées, des gommettes
jaunes sont collées sur mes bagages avec le numéro 61, aucune précision
sur la signification de celui-ci. Je sors dehors et je dois attendre de
pouvoir récupérer mon passeport. Je demande au conducteur s’ils arrêtent
tout le monde, il me répond que non : uniquement les arabes…
On
m’avait prévenu qu’une fouille serait réalisée et qu’il valait mieux ne
pas montrer de risque de sympathie pour la Palestine. Aussi, j’ai pris
la précaution de cacher mes portes clés Handala achetés à Hébron dans ma
trousse de toilette à l’intérieur du pot d’après-soin, j’ai pris soin
également de supprimer mes photos, vidéos indiquant mon passage en
territoires occupés, nettoyer mon téléphone portable en effaçant mes
contacts palestiniens et en jetant ma puce Jawal palestinienne. Je pense
donc être clean, hormis quelques keffiehs rapportés d’Hébron …Après une
vingtaine de minute, un homme me rapporte mon passeport avec un sticker
61 au dos et mon téléphone portable. Direction l’aéroport après 40
minutes passées à la barrière. Je suis totalement confiante, pensant que
les contrôles poussés étaient terminés.
Arrivée au guichet
avant d’obtenir ma carte d’embarquement, dans la file d’attente, une
femme vient me poser des questions avec un ton très sérieux : où
étiez-vous ? Qu’avez-vous fait ? Le prénom de votre père ? De votre mère
? Qui a fait vos bagages ? Avez-vous des armes dans vos sacs ?
Elle
donne alors mon passeport à une autre femme qui me repose
approximativement les mêmes questions avant de coller un code barre
jaune sur l’ensemble de mes bagages et sur mon passeport: Code barre
6101651764.
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Code barre 6101651764 |
Mes bagages passent au scanner, encore plus gros que celui effectué à la barrière avant l’entrée dans l’aéroport. Après ça, on me dirige sur la gauche pour une fouille complète de mes bagages. Je déduis alors que le numéro collé sur mon bagage n’est pas le numéro gagnant, en observant ceux qui passent directement vers le guichet pour obtenir la carte d’embarquement après le scanner, je remarque que leurs numéros commencent par 16 tandis que le mien débute par 61.
On me
demande d’ouvrir un par un tout mes bagages, ceux-ci sont vidés dans des
bacs : des prélèvements dont j’ignore toujours l’utilité sont effectués
sur toutes mes affaires : du soutien-gorge, à ma boite de lunette en
passant par mon ordinateur et mes livres. Mes bagages sont retournés
sans dessus dessous. A préciser que l’agent était particulièrement
avenant, il n’a pas été agressive avec moi, mais ne prononçait pas un
mot concernant le pourquoi du comment de cette fouille je n’avais
absolument rien de métallique, même le coupe-ongle j’ai pensé à
l’enlever pour éviter un telle fouille…
Arrivée à peu près à la
moitié de mes affaires, alors que mon bagage principale vient d’être
vidé, une femme me demande de la suivre pour une fouille corporelle :
chaussure, veste, foulard, tunique sont retirés. Encore une fois, la
femme sourire aux lèvres n’est pas sèche avec moi bien au contraire.
Une fois la fouille effectuée pendant environ 10 minutes, on me
rapporte mes affaires, je me rhabille et rechausse. Je retourne voir
l’état de mes bagages, tout a été vidé, on m’informe que je peux ranger
mes affaires. En rangeant, j’essaie de vérifier que tout est là, j’en
profite pour jeter un œil à l’heure : il est 5h10, la fouille a duré
près deux heures, mon vol est à 5h40. J’essaie tant bien que mal avec la
précipitation de remettre de l’ordre dans mes affaires. L’agent garde
un œil sur moi et m’escortera jusqu’à la porte d’embarquement, me
souhaitant un bon vol. Je suis la dernière à embarquer. Le calvaire est
terminé, j’espère pouvoir revenir un jour en Palestine sans avoir à
cacher ma visite dans des villes palestiniennes ou encore à dans l’idéal
atterrir dans un aéroport palestinien. Pour rappel, le seul aéroport se
situait dans la bande de Gaza et a été bombardé en 2001 par les forces israéliennes.
One day Palestine will be free...
Jour 26 : Vendredi 18 janvier -Ce n’est qu’un au revoir
Des ponts par dessus le Mur
Après un mois de séjour, de rencontres, d’attachements à des amis, des histoires, un cadre de vie, il faut que je rentre à Paris depuis l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv. Les au-revoir n’ont pas été facile tant auprès de mes amis palestiniens que des internationaux rencontrés ici. En guise d’au revoir, nous nous promettons de continuer à lutter contre l’occupation peu importe notre pays, notre origine, notre religion : Sylvester nous vient des Pays-Bas, Samantha et Natasha débarquent de New York aux Etats-Unis, John nous vient du Tenneesse, Daryl du Texas, Mehdi du Canada, Anna d’Italie et de France, et enfin Red des Etats-Unis également. Souvent lors du dîner nous avons eu des discussions à vouloir changer le monde, tenter de trouver des moyens pour mettre fin à l’occupation, de voir les possibilités de changement dans le meilleur des mondes possibles.
C’est également à mes amis
palestiniens que j’ai du dire au revoir, nous promettant de nous revoir
un jour dans un futur proche, en visite à Paris, de nous retrouver au
Venezuela, pays qui a supprimé les visas pour les palestiniens, et leur
donnant ma parole que je reviendrais. L’ensemble des palestiniens que
j’ai rencontré à 95% attende essentiellement un soutien en dénonçant
l’occupation. Ils ne manquent pas de faim me disent-ils ni de confort,
mais ce qu’ils veulent tout simplement c’est vivre librement non sous
occupation. Ils se sont habitués à force puisque la plupart sont nés
sous occupation mais espèrent un jour vivre librement tout simplement.
Je reviendrais un jour c’est certain, ce n’est donc qu’un au revoir.
Après avoir effectué mes salutations, direction Jérusalem où je vais
passer la journée en compagnie de Mehdi de Project Hope avant le départ
pour l’aéroport à 2 heures du matin. Nous passons non pas par le
checkpoint de Qalandia qui est bondé de monde, mais par celui de Hizma
où il y a beaucoup moins de monde. Nous ne descendons pas du véhicule,
un soldat israélien monte à bord pour vérifier l’ensemble des ID et
passeports des passagers. A ce stade du séjour, je n’arrive toujours pas
à accepter que des palestiniens qui vivent en Cisjordanie ne puissent
entrer à Jérusalem sans permis.
Arrivée aux alentours de 12h
direction l’esplanade des mosquées pour prier la prière du vendredi.
Après une prière sur l’esplanade en plein soleil en raison du monde,
direction le déjeuner avec Hichem, Hazem et Mehdi. Nous passons l’après
midi ensemble : en marchant dans la Vieille Ville, nous voyons la maison
d’Ariel Sharon en plein quartier musulman. L'appartement lui appartient mais n'y habite pas. La maison arbore un immense drapeau israélien comme un coup de griffe. Tout d’un coup retenti le bruit d’une sorte de
trompette qui évoque le début de Shabbat.
En arrière plan, la maison d'Ariel Sharon acheté dans la Vieille Ville dans le quartier musulman |
Ensuite, nous effectuons le
chemin de croix pour enfin se rendre dans l’Eglise du Saint Sépulcre.
Une femme nous invite à assister à la prière à la gloire de Jésus et de
Marie en m’interpellant « Jesus welcomes everyone », cela m’a fait
chaud au cœur, elle a remarque que j’étais musulmane. Pendant les chants
en latin, elle m aide à suivre à l’aide d’un petit livre ou la
traduction est faite en anglais. A la fin de la cérémonie, elle
m’embrasse et me serre fortement dans ses bras en me disant « Jesus
loves everyone, », lui répondant « God bless Jesus, we respect him as a
Prophet », elle m’a alors encore plus serré dans ses bras.J’en ai
presque eu les larmes aux yeux. Ensuite, à peine en parcourant quelques
mètres nous nous retrouvons près du Mur des lamentations, the Western
Wall. J’y était déjà venu, mais jamais pour Shabatt, et quelle suprise,
les rues étaient remplies d’hommes, de femmes, d’enfants, tout vêtus de
noir. Les femmes voilées et les hommes portant la kippa ou un chapeau.
Nous nous rendons depuis un toit afin d’avoir une vision sur le mur, il
était bondé de monde. Certains effectuant des prières, d’autres dansant
presque avec transe. Un peu plus loin, un homme nous stoppe en nous
entendant parler français. Il est d’origine tunisienne, juif habitant
Jérusalem. Il nous invite à « manger avec les juifs », cela aurait été
avec plaisir mais Mehdi et moi déclinons l’invitation faute de temps.
En un après midi, dans une même ville j’ai pu effectué la prière du
vendredi, assister à une cérémonie chrétienne puis assister aux prières
sur le Mur des lamentations pour Shabbat : c’est ça la magie de
Jérusalem.
Le mur des Lamentations un vendredi soir après le début de Shabatt |
Jour 25: Jeudi 17 janvier- Visite de Jéricho et Mer Morte
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Des ponts par dessus le Mur
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A une heure de
Naplouse, se trouve la ville la plus ancienne du monde : Jéricho. Nous
nous y rendons avec John et Mehdi. Jéricho, Riha en arabe date de près de 10 000
ans, de plus Jericho constitue l endroit
le plus bas sur terre située à -240 mètres
sous le niveau de la mer.
Sur la route, des montagnes magnifiques se dressent devant
nous, des cultures et des serres abondent partout ; ces cultures appartiennent
à des colons israéliens mettant ainsi en exergue l’usurpation des terres
palestiniennes.
Au premier plan, des cultures appartenant à des colons près de Jéricho |
Pour accéder au Mont des tentations, il faut prendre le téléphérique |
Direction ensuite le
Mont des Tentations : Jéricho constitue en effet un site biblique
important. Jésus y a été emmené dans le désert avec avoir jeuné 40 jours pour
être tenté par le Diable. Matthieu 4.1
« il eut faim. Le tentateur, s’étant approché, lui dit
: Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. Jésus
répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute
parole qui sort de la bouche de Dieu. Le diable le transporta dans la ville
sainte, le plaça sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu,
jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton
sujet ; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte
contre une pierre. Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le
Seigneur, ton Dieu. Le diable le transporta encore sur une montagne très
élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je
te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. Jésus lui dit :
Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu
le serviras lui seul. Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent
auprès de Jésus, et le servaient.».
Par la suite, nous
déjeunons avec Rami, un ami palestinien de Mehdi. Il est originaire de Naplouse
et vit désormais à Ramallah pour son travail. Pendant le déjeuner, nous
évoquons la nécessité pour les
israéliens de se rendre en territoires occupés afin de voir par eux-mêmes que
les palestiniens sont loin d’être dangereux. Rami nous répond effectivement,
lorsqu’ils sont en civil, les israéliens sont juste des gens normaux comme tout
le monde, mais lorsqu’ils sont en soldat pour servir le rapport de force est
différent. Un groupe d’ancien soldats israéliens qui ont servi en territoires
occupés ont crée Breaking the silence pour témoigner des actes commis par les
soldats israéliens en territoires occupés ou d’actes qu’ils ont eux-mêmes été amenés
à commettre.
Entrée pour accéder à la Mer Morte |
Après un bon déjeuner
direction la Mer Morte. A notre grande surprise nous constatons que le site de
la Mer Morte est sous contrôle israélien, nous pensions pourtant toujours être
en territoire palestinien.
Mer Morte |
La Mer morte est
salée a 33% alors que le taux moyen est de 3%. Ainsi, aucun animal ni plantes
ne peut y vivre en raison de cette forte salinité : ce qui vaut le nom de
Mer Morte. De plus, le taux de sel
important permet une nage sans effort : il suffit de flotter. La mer morte
se situe à 417 mètres sous le niveau de la mer. Certaines ONG dénoncent le pillage de la Mer Morte par Israël qui accorde des aides aux colons et en
agrée la société de produits cosmétiques Ahava, dont 44,5 % des actions
sont détenues par les colonies de "Mitzpe Shalem" et
"Kalia".
Pour faire la
transition, il est fondamental d’imposer un étiquetage distinctif de produits
venant de colonies comme l’ont déjà fait certains pays à l’instar de l’Afrique
du Sud. En théorie, selon les accords de l’UE, les produits venant de colonies
n’entrent pas dans le cadre des accords préférentiels fait entre l’UE et Israël.
En pratique, la distinction n’est pas faite. Il est donc en première étape
fondamentale d’imposer un étiquetage distinct des produits venant des colonies
israéliennes fabriquées en territoires occupés.
jeudi 24 janvier 2013
Jour 24: Mercredi 16 janvier- Visite de Jénine
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Après avoir effectué mes dernières heures auprès des enfants à la garderie
Al Wafaa à Askar avec au menu activités pâte à modeler et enseigner mes dernières
heures de français je me rends à Jénine rendre visite à mon ami Hassan rencontré
à Naplouse et originaire de Jenine. Jenine est a une heure en bus de Naplouse,
une fois arrive Hassan me présente sa mère Hanane ainsi que sa petite soeur
Dalia. Nous discutons de tout et de rien autour d un bon repas à base de riz,
de leben et d un jus d fraichement préparé par la mère de Hassan qui fut le
meilleure jus d orange de mon existence. Jenine est en effet connu pour son
agriculture et de nombreuses fermes sont présentes. Après avoir mangé, et en
attendant que le père rentre pour récupérer la voiture, je discute avec Dalia
âgée de 13 ans. Très mature pour son âge, nous discutons pour pratiquer
l’anglais de Dalia.
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Des ponts par dessus le Mur

Une fois le père de Hassan revenue du travail nous sortons faire un tour en
ville en voiture. Hassan m emmené près du camp de réfugié Jenine. Le camp s’est
établi en 1953. La majorité des habitants du camp sont originaires de Galilée.
En 2002, Jenine a connu un terrible massacre lors de ladite bataille de Jenine
qui a beaucoup touché le camp de Jenine puisque après l’opération militaire
israélienne, en 2002, le camp a été à moitié détruit.
A l’entrée du camp de Jenine, un cheval de près de cinq mètres
de haut nous accueille. Hassan m explique que ce cheval a été construit avec
les tôles des voitures écrasées par les chars israéliens en 2002 lors du
massacre de Jenine. Le cheval a été réalisé par un sculpteur du nom de Thomas
Kippler accompagne de 12 jeunes de Jenine. Il symbolise la résistance du peuple
palestinien, le cheval étant le symbole de la force et rend ainsi hommage aux
martyrs de la résistance palestinienne. Un morceau de métal du cheval comprend
l' inscription « Red Cross Society ». Ce morceau provient
d’une ambulance palestinienne détruite par une frappe israélienne qui a
également tué un médecin.
Ce cheval a été fait avec les tôles des voitures écrasées
par les chars israéliens en 2002 lors du massacre de Jenin
Après ces quelques explications,
nous visitons l église Saint Georges 4ème plus ancienne église de Palestine, bâtit à l'endroit où se trouve le puits, là où Jésus a accomplit son deuxième miracle en soignant dix lépreux qui lui avaient demandé de l'aide pendant leur quarantaine.
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Eglise Saint Georges également appelée Eglise du Burqin. 5ème plus ancienne Eglise de Palestine. C’est ici que Jésus aurait accompli le miracle de soigner dix lépreux |
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